Visite d’Eger
De
toutes les villes du Nord, la plus attirante est assurément Eger,
gratifiée de vignoble, de sources thermales, de près de 200 monuments
historiques et d’un cachet bien à elle.
Eger, dont la population approche
de 60.000 habitants, fut l’une des premières cités hongroises, et un
évêque y résida dès le début du XIème siècle. Après que les hordes
mongoles eurent anéanti la ville et la plupart de ses habitants en 1241,
des immigrants d’Europe occidentale contribuèrent à sa reconstruction et
à son repeuplement. Mais la période turque – caractérisée par des sièges
et de tueries – la marqua à jamais.
En 1552,
onze ans après que Buda fut tombée au pouvoir de l’Islam, les défenseurs
d’Eger repoussèrent l’armée ottomane suscitant une vague de soulagement
qui se propagea jusqu’aux confins de la chrétienté. C ‘était en effet la
première défaite des envahisseurs turcs.
Hélas,
l’héroïque défense d’Eger entraîna, trente-quatre ans plus tard, un
second siège qui vit cette fois la déroute de la garnison. Eger devint
une capitale provinciale de l’empire ottoman ; mosquées et bains s’y
bâtirent pendant près d’un siècle que dura l’occupation turque. La ville
fut repris par les Hongrois en 1687, un an seulement après la libération
de Buda.
Vous
pourrez explorer les casemates et les remparts astucieusement agencés de
la forteresse, considérablement restaurée, mais encore
imprégnée de souvenirs. Et même si ni l’histoire ni le génie militaires
no vous intéressent au premier chef, vous saurez jouir de la vue unique
qui s’offre de cette hauteur sur les clochers baroques et le minaret le
plus septentrional d’Europe.
La
mémoire des héros et des héroïnes du premier siège (1552) est pieusement
entretenue par les colletions, plaques commémoratives et inscriptions
que recèle aujourd’hui la forteresse. Le musée du
château, qui porte en l’honneur du chef des défenseurs le nom du
capitaine István Dobó, possède un vaste ensemble d’armes, d’armures, de
monnaies et d’ustensiles turcs et hongrois.
En
contrebas, au centre de la vieille ville, la principale place du marché,
de caractère médiéval, est appelée Dobó István tér ;
elle est ornée d’une statue du commandant de la garnison, coiffé d’un
chapeau à plume et l’épée levée. Toujours au milieu des parterres de
tulipes de la place a été érigé un autre monument commémoratif du même
siècle – un farouche groupe équestre représentant Magyars et Turcs
engagés dans un corps à corps.
Face à
Dobó István tér s’élève l’ancienne église des Frères
mineurs, peinte en rose et beige, avec le haut des clochers vert.
Cet édifice baroque du XVIIIème siècle était dédié à saint Antoine de
Padoue, qui fait l ‘objet de plusieurs fresques et tableaux ornant
l’intérieur, ainsi que d’une statue de la façade. Pour contrebalancer
les lignes harmonieuse de l’église, un magasin moderne a été construit
du côté opposé de la place.
Un peu
plus au nord, à l’angle de Kénzich Károly et de Torony utca, s’élève
le minaret de Kethuda. Haut de 40 mètres, il compte 14 faces.
Le parapet de pierre bornant primitivement la galerie circulaire d’où le
muezzin appelait à la prière a été remplacé par une balustrade de fer.
Quant au faît de l’édifice, il a été restauré au XIXème siècle. La
mosquée qui se dressait à côté du minaret a été démolie en 1841.
La
cathédrale d’Eger, seconde église de Hongrie par les
dimansions, qui date du XIXème siècle, ressemble à un palais de justice
imitant un temple grec. Mais, grâce aux ouvertures vitrées du dôme,
l’intérieur est d’une grande clarté. D’imposantes statues flanquent
l’escalier d’honneur, celles des rois canonisés Étienne et Ladislas, et
celles des apôtres Pierre et Paul. D’autres statues géantes surmontent
la façade. Comme la plupart des reliefs ornant l’intérieur, elles sont
dues à un sculpteur vénitien, Marco Casagrande (1804-1880). Les fresques
du dôme sont de date récente.
De
l’autre côté de la place, en venant de la cathédrale, s’étend un vaste
bâtiment du XVIIIème siècle, à l’origine lycée de jeunes filles,
aujoud’hui École normale Eszterházy Károly. Cet édifice baroque, le plus
grande de son genre en Hongrie, comprend un observatoire astronomique
comportant un musée à son dernier étage.
Quante
au reste, c’est en flânant qu’il faut découvrir le centre d’Eger. Parmi
les détails curieux, remarquez les sculptures modernes ornant le dessus
des portes des boutiques – fantaisistes enseignes signalant l’activité
de la maison. Le vin tient une grande place dans le négoce, car Eger est
la patrie d’un vin hongrois réputé : l’Egri bikavér ou « sangle-de-taureau
d’Eger ». Ce vin rouge corsé, de même que d’autres crus moins renommés,
peut être dégusté dans des débits de boisson de la vieille ville
clairement indiqués, ou dans les chais traditionnels.
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